Jean Valjean

C’est en 1862 que paraît le chef d’œuvre de Victor Hugo : Les Misérables.
Personnage central des différentes histoires, Jean Valjean n’a de cesse d’évoluer et de s’améliorer tout au long du cycle des Misérables. Né dans une famille pauvre en 1769, il est jeune quand il perd ses parents et est élevé par sa sœur Jeanne. A 27 ans, il est envoyé au bagne pour 5 ans pour avoir volé du pain pour nourrir sa famille et pour braconnage. Il en fera au total 19 pour avoir, à de nombreuses reprises, tenté de s’évader.
Il a 46 ans quand il sort du bagne, avec le passeport jaune des forçats libérés qui lui complique la vie. Il est expulsé des auberges où il cherche refuge, il est payé moitié prix lorsqu’il trouve un travail… ce qui attise sa rancœur envers la société dont il cherche à se venger. A sa sortie du bagne, il doit toucher son salaire pour 19 ans de bagne mais se sent là encore, volé car les retenues locales réduisent considérablement la somme.

S’arrêtant à Digne, après bien des déboires, il trouve asile chez l’évêque Myriel, dit Monseigneur Bienvenu. Il est accueilli charitablement, malgré sa condition d’ancien bagnard, avec un bon lit et un souper. Mais le naturel de Valjean prend le dessus et il vole des couverts en argent et s’enfuit au milieu de la nuit.
Arrêté par les gendarmes, il est ramené chez l’homme d’église qui assure aux gendarmes avoir offert à son invité ces couverts.
Après le départ des hommes de loi qui ont laissé Jean Valjean libre, l’évêque lui donne 2 chandeliers en argent afin qu’il « rachète son âme aux forces du mal pour la donner à Dieu ». Il lui rappelle : « N'oubliez pas, n'oubliez jamais que vous m'avez promis d'employer cet argent à devenir un honnête homme. Jean Valjean qui n'avait aucun souvenir d'avoir rien promis, resta interdit. »

Quelque peu perturbé, Jean Valjean quitte Digne et prend la direction de Montreuil-sur-Mer. Il commet un dernier larcin en recouvrant une pièce de 40 sous qu’un ramoneur savoyard vient de faire tomber. Bien qu’il prenne conscience de ce qu’il vient de faire, aux yeux de la justice, cet acte fait de lui un récidiviste.

En décembre 1815, un homme sauve 2 enfants d’un incendie à Montreuil-sur-Mer. Cet homme se fait appeler « le Père Madeleine ». Il est très respecté, il devient un industriel reconnu et généreux. On va jusqu’à lui proposer la légion d’honneur en 1819, mais il la refuse. Il accepte tout de même de devenir le maire de la ville en 1920. Très charitable, il s’enrichit grâce à sa manufacture, distribue aux pauvres et crée 2 écoles.

En 1823, à l’âge de 54 ans, Monsieur Madeleine est dénoncé aux autorités comme étant Jean ValJean, ancien forçat, par l’inspecteur Javert, tout juste muté à Montreuil.
Il y a déjà un moment que Javert avait un doute quant à l’identité du maire de la ville, mais un incident lui avait confirmé l’identité vraie de Monsieur Madeleine. Et puis, il boite de la jambe droite… jambe où l’on attache la chaine des forçats. Mais Javert revient sur ses dires en identifiants un autre homme comme étant Valjean, un certain Champmathieu. Mais pourtant, sa première idée était bien la bonne.

En même temps, Monsieur Madeleine/Jean Valjean fait soigner Fantine dans son hôpital et essaie de lui ramener Cosette qui est retenue par les Thénardier car ils espèrent toujours plus d’argent. Mais Valjean se trouve face à un dilemme : laisser condamner Champmathieu à sa place ou se dénoncer et être condamné au moins à perpétuité. Il décide de se rendre au tribunal d'Arras où il se dénonce. Champmathieu est relâché et Valjean rentre à Montreuil car l’assistance est sous le choc de devoir admettre qu’un maire ait été un forçat, et il va rendre visite à Fantine à qui il ment en lui disant que Cosette est là mais ne peut la voir en raison de sa santé.
Javert vient à l’hôpital arrêter Valjean. Fantine meurt sous le choc des révélations : Monsieur Madeleine est Jean Valjean, un ancien bagnard, et Cosette est loin d’ici. Valjean demande alors à Javert trois jours pour aller chercher Cosette, mais le policier refuse et l'arrête. 
Valjean, fait la promesse de s'occuper de Cosette, et se laisse appréhender et il fait usage de son expérience de l'évasion du temps où il était bagnard le soir même. 

Quelques jours plus tard, il est arrêté et condamné à mort. Sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité compte tenu de la fonction de maire qu'il a occupée. Il a, auparavant, réussi à cacher sa fortune. Il est donc ramené au bagne de Toulon. 

2 mois plus tard, alors qu’il travaille sur un bateau en rade de Toulon, Jean Valjean sauve un matelot et tombe à l’eau. Son corps n’est pas retrouvé. Il est déclaré mort.
Le soir de Noël, un homme dans un manteau jaune semble chercher un logement à Paris. Plus tard, on le voit à Montfermeil où il disparaît dans la forêt. Il s’agit, bien évidemment de Jean Valjean. Et il va rencontrer Cosette, en pleine nuit, au fond des bois. Les Thénardier l’ont envoyé chercher de l’eau. Valjean aide Cosette à porter son seau jusqu’à l’auberge où il va passer la nuit, achetant le temps de travail de l’enfant pour qu’elle joue avec la poupée qu’il lui a offerte.
Le lendemain, l’homme achète la fillette 1500 francs et ils partent pour Paris. Là, Valjean et Cosette se cachent boulevard de l’Hôpital, dans la masure Gorbeau et vivent tout ce qu’il y a de plus pauvres. Cosette ne connaît pas l’identité de celui qui la laisse jouer et qui lui apprend à lire.

Javert est rappelé à Paris où il retrouve la piste de Valjean grâce à l’histoire de « l’enlèvement de Cosette » contée par les Thénardier. C’est ainsi que Javert, entendant parler d’un mendiant qui fait l’aumône, décide de se déguiser lui-même en mendiant afin de vérifier l’identité de celui qui fait l’aumône.
Mais Valjean reconnaît Javert qui se fait passer pour un nouveau locataire dans la masure Gorbeau. Valjean et Cosette s'enfuient, avec Javert et toute une équipe de policiers à leurs trousses. Mais Valjean disparaît derrière un mur avec la fillette. 
Ce mur abrite le couvent du Petit-Picpus où Valjean va, par quelques manipulations, être intégré comme le frère de Frère Fauchelevent en tant que second jardinier et Cosette comme élève de l’école.
Ils ne quittent se convent qu’en 1829, Cosette a 14 ans.
Toujours recherchés par Javert, Jean Valjean loue plusieurs maisons dans Paris afin de pouvoir s’enfuir rapidement en cas de problème. 

En 1831, Cosette rencontre un amoureux, Marius, très maladroit, qui les suit pour savoir où ils habitent. Par sécurité, Valjean décide de déménager mais Cosette est très amoureuse.
Après de nombreuses péripéties (pièges de Thénardier, Javert prêt à être tué aux barricades…) Jean Valjean accepte que Marius et Cosette se marient.
Mais Jean Valjean ne sera pas de la noce car il ne veut pas faire un faux en écriture. Il a dit qu’il était le père de Cosette.
Il raconte tout de même à Marius son parcours et sa véritable identité. Dans un premier temps, Marius accepte que Valjean voit Cosette mais avec le temps, il crée une distance car il pense que Valjean est leur meurtrier de Javert (alors que ce dernier s’est jeté dans la Seine)
Thénardier, croyant se faire de l’argent, vient raconter sa version des faits à Marius. Ces informations montrent une toute autre image de l’ancien bagnard et Marius décide de retrouver Jean Valjean en qui, à présent, il a confiance. Celui-ci est au seuil de l'agonie. Jean Valjean retrouve le sourire avec Cosette et Marius à ses côtés. Il meurt heureux près de celle qui a été toute sa vie et sa rédemption.

Et si Jean Valjean était… havrais ? Nous sommes en 1831, Guillaume Joseph César Régault débarque au Havre. Il a 27 ans. Il entre au service d’un riche négociant, Nicolas Lefèvre, et est très apprécié. Il épouse l’une des filles Lefèvre, les 2 hommes s’associent, les affaires sont donc prospères. A la mort de Nicolas en 1842, Guillaume gère la Maison Lefèvre. 
Mais qui est cet homme ?
C’est Vallée, un tenancier de bar très louche du quartier Saint François qui apporte la réponse en 1840. Vallée et Régault étaient compagnons de bagne. La rumeur ne dit pas où exactement, mais ils y étaient ensemble. 
Vallée devient maître-chanteur et demande de plus en plus d’argent à Régault pour que le sombre secret ne fasse pas surface. Mais il arrive un moment où Régault ne peut plus subvenir aux demandes toujours plus gourmandes de Vallée, et les lettres de dénonciations affluent. A la famille, aux amis. Guillaume perd tout : carrière, affaires, réputation et même sa femme, qui meurt de chagrin.
Ne réussissant pas à faire face à ce scandale, Régault met fin à ses jours le 6 juillet 1848.

Un bagnard qui fait fortune et entre dans la haute société, ça ne vous rappelle personne ?
Hugo a forcément eu vent de cette affaire au moment des faits. La fille de Victor Hugo, Léopoldine a épousé Charles Vacquerie, le beau-frère de Nicolas Lefèvre. Guillaume Régault était l’un des témoins de Charles à son mariage. Ajoutons à cela que les épitaphes des jumeaux de Nicolas Lefèvre, morts prématurément, ont été écrites par Victor Hugo lui-même. C’est Madame Lefèvre qui s’est occupé des adieux de la fille de Victor Hugo, Léopoldine, quand elle s’est noyée dans la Seine. Et enfin, c’est Ernest, le fils ainé des Lefèvre, que le poète désigne comme exécuteur testamentaire.

Vous manquez encore de preuves quant à la réelle identité de Jean Valjean ?
L’épouse de Victor Hugo, dont il est séparé, Adèle Fouchet, est originaire du Havre et fréquentait les Régault. Hugo a également, en certaines occasions, reçu leur hospitalité.
Nicolas Lefèvre né en 1801, Victor Hugo né en 1802 et Guillaume Régault né en 1804 se sont croisés à de très nombreuses reprises. Certes, la rumeur est invérifiable, mais n’y voyez-vous pas une sorte d’inspiration ?
C’est au cimetière de l’Abbaye de Graville que se trouvent les tombes des familles Lefèvre et Régault. Si vous y allez un jour, laissez-vous guider jusqu’à l’escalier Jean Valjean, le rue Fantine et l’impasse Cosette. Poussez jusqu’à la rue de Bellefontaine, au 30, là où vivait la famille Régault.